MICHELIN
L’Inde, un eldorado ? pour les multinationales oui, mais pas pour nos emplois en France !
18/11/2019
Comme un nombre important d’entreprises françaises, Michelin délocalise de plus en plus de postes tertiaires en Inde. Quasi tous les domaines sont touchés : finance, informatique, R&D, supply chain, …
La raison officielle invoquée par Michelin : la recherche de l’excellence.
La Cfdt s’interroge sur cet argument. Nous pensons que l’entreprise cherche avant tout à diminuer sa masse salariale, rapidement mais avec une efficacité qui reste encore à démontrer.
Loin de douter des compétences des salariés indiens, nous pouvons cependant nous interroger sur les conséquences de différences culturelles importantes avec les pays occidentaux qui constituent encore la base de l’implantation Michelin et sur le turn-over pratiqué en Inde.
Michelin a-t-il mesuré l’impact de pertes de connaissances dû à ce turn-over, le surplus de travail touchant les salariés français devant refaire un travail qui n’est pas à la hauteur des exigences par manque de connaissance et/ou de formation ?
Il semblerait que les services, en prévoyance du turn-over, forment en Inde 2 à 5 fois plus de personnel que si le poste était resté en France.
Toutes ces délocalisations ne répondent qu’à une logique financière à court terme qui ne tient pas compte des conséquences sur la qualité du travail et sur le “customercentricity” pourtant au cœur de la stratégie du Groupe. En revanche, elles se font clairement au détriment de nos emplois en France et de la qualité de travail.
La situation sociétale et salariale en Inde en chiffres :
- salaire moyen annuel : environ 700 €,
- 1,3 milliard d’habitants pour une superficie de 6 fois la France,
- 1/3 de la population analphabète,
- environ 500.000 ingénieurs sortent chaque année des écoles indiennes dont ¼ parlant couramment anglais,
- des salaires 5 fois inférieurs à ceux de la France à diplôme équivalent (par exemple, chez Cap Gemini, un consultant informatique indien touche 9000 €/an et un analyste senior, 6000 €/an)
De plus, en inde, l’écart de salaire entre salariés diplômés et les autres salariés s’accroit d’année en année. En parallèle, des centaines de millions de pauvres de ce pays tirent les prix et le cout de la vie vers le bas, ce qui augmentent encore les écarts de niveau de vie entre les « diplômés privilégiés » et le reste de la population. Ces salariés diplômés n’ont donc que peu de revendications pour améliorer le niveau de vie dans leur pays. Les syndicats sont par ailleurs interdits dans bon nombre d’entreprises indiennes.
Alors pourquoi les multinationales se priveraient-elles de ces salariés diplômés, peu revendicatifs ?
C'est ainsi que depuis plusieurs années, on voit que les géants du numérique tels que Wipro, Cap-Gemini font de plus en plus appel à cette main-d'œuvre disponible pour travailler à des niveaux de salaires défiant toute concurrence. Mais c’est également de plus en plus la politique des industriels dont Michelin.
Christian Barth